Le château vu du vieux pont – 14 août 1883 – collection particulière |
Historique
Le “ vieux château ” de Francheville-le-Bas , acquis par la commune en 2005, est un donjon médiéval ruiné aux deux tiers.
Construit vers 1200, il dépendait des archevêques de Lyon qui y maintenaient un châtelain. Renaud de Forez, archevêque de Lyon de 1193 à 1226, l’avait fait ériger à une date exacte toujours inconnue. Le mandement du château de Francheville s’étendait alors jusqu’à Oullins et Saint-Genis-Laval.
Vitrail de la cathédrale Saint Jean représentant Renaud de Forez. Ce vitrail fait partie d’une série de vitraux situés dans la nef derrière l’autel. Il est le premier à droite du vitrail médian.
Le traité de 1173 partage le territoire en deux comtés distincts, Lyonnais et Forez, dont la continuité territoriale est assurée par un remembrement des possessions de chacun. L’archevêque reste seul maître de Lyon et de la moitié orientale du comté, tandis que le comte de Forez s’établit à l’ouest des Monts du Lyonnais où le château de Montbrison devient le siège de son autorité. Vingt ans plus tard Renaud, l’un des fils du comte de Forez, devient archevêque de Lyon. Le château médiéval est le siège de l’autorité publique où s’exerce le ban, pouvoir d’ordonner, de contraindre et de punir.
Avec la fin de la guerre de Cent Ans, le rôle militaire du châtelain s’estompe et beaucoup de châtelains de l’époque moderne sont recrutés parmi les notaires. La légende veut que le château ait été démantelé par le cardinal Armand de Richelieu ; Il s’agit en fait d’Alphonse de Richelieu – cardinal de Lyon et frère d’Armand, ministre de Louis XIII-, qui est intervenu du fait de l’état du château. Une action en justice intentée par le chapitre contre l’archevêque à cause du délabrement des châteaux épiscopaux nous le décrit déjà dans un triste état en 1514 :
« Le château n’a pas de pont-levis et il faut entrer par une échelle. La bretèche de la porte a chu. Les murailles sont en mauvais état, la porte et la toiture du donjon sont pourries. La tour servant de prison et la chapelle sont en ruine. Le corps de logis est par terre depuis plusieurs années. La citerne du château n’est pas entretenue et se dégrade, comme d’ailleurs les murs du donjon du château ».
Il semble cependant que l’histoire des murs du château ne soit pas totalement terminée; une plainte des riverains en 1884 est suivie d’une visite de l’architecte du département, puis d’une lettre du maire qui prend un arrêté le 24 mars de la même année enjoignant «M. le Marquis de Ruolz de démolir ou de consolider les ruines». En février 1886 une “ grosse pierre ” se détache et roule sur la chaussée, amenant un réaménagement du talus de remblai et peut-être la démolition d’un mur intérieur. C’est la même année que fut inauguré le nouveau pont, reliant Francheville Haut et Bas, et « coupant » littéralement en deux le vieux château.
Photo J.-Ph. Restoy (Regards du ciel – 30 janvier 2010)
Enfin, au début des années 1990 un renforcement du socle rocheux est effectué du côté de la route ; les plaintes des riverains ont finalement amené la Commune à prendre un premier arrêté de péril en février 2001.
Les ruines sécurisées du Vieux Château, 2004.
Un second arrêté de péril pris par la Commune en 2002 a permis, avec le soutien du Grand Lyon et du Conseil Général, de procéder à la consolidation du socle rocheux et des murailles subsistantes. Aujourd’hui, restent les ruines du mur est, la tour, et à peu près la moitié des murs sud et nord ; ces murs sont debout sur une hauteur intérieure de 6 à 8 mètres, dominant l’extérieur d’une dizaine de mètres à cause du socle rocheux.
Une fenêtre est visible sur la tour sud est, au linteau coffré de planches de bois, à 3 ou 4 mètres du sol intérieur ; l’épaisseur du mur y est d’environ 2 mètres contre environ 1 mètre pour les murs rectilignes sud et nord. À l’intérieur, un reste de mur avec redan à hauteur de 2 mètres, plus fin, dans lequel apparaissent des trous de boulin qui n’ont pas de correspondance dans le mur d’enceinte. Une grande niche tapissée de briques est creusée dans le mur principal.
De l’Eglise de Lyon à la commune de Francheville
Renaud de Forez (1193-1226) fait construire le château.
1749 : Achat de la Seigneurie de Francheville par Charles Joseph de Ruolz (1708-1756), comprenant entre autre la ruine du vieux château qui reste propriété des Ruolz jusqu’en 1895.
1895-10-17 : Vente Ruolz Montchal / Reyre
[…] ont comparu Madame la Marquise Joséphine Sophie Béatrice de Labeau Bérard de Maclas veuve de Mr Pierre Camille Octave , marquis de Ruolz Montchal, propriétaire demeurant à Francheville (Rhône) laquelle vend à monsieur Ernest Antoine Reyre propriétaire maire de la commune de Francheville y demeurant : Un terrain avec rocher au dessus couronné par un vieux mur appelé les ruines du chater situé commune de Francheville le bas d’une superficie de sept cent quarante cinq mètres carrés
[…] Mr Reyre s’engage pour lui et tous ses ayant droit à perpétuité […] à ne pas détruire les murs surmontant le rocher ci-dessus désigné, ni à détruire le rocher lui-même, à ne point altérer et d’une façon quelconque l’aspect actuel des ruines, soit par des constructions, soit d’autres manières […].
1905 : Ernest Reyre fait un testament en faveur de Victor Antoine Marie Jenny Bellissen
1913 : Suite au décès de Ernest Antoine Justin Reyre, Marie Antoinette Marguerite Louvier épouse de Marie Joseph Antoine Auguste Carrel ou Carrel-Billiard est instituée légataire universelle …
1955-09-25 : décès de Victor Antoine Marie Jenny Bellissen, époux de Anne-Marie Vialatoux
1958-11-17 Vente Bellissen/Pascal.
Anne-Marie Vialatoux Vve Bellissen, Gaston Felissent et Marguerite Bellissen son épouse, Paule Bellissen vendent à Roger Pascal et Madeleine Paré son épouse […] un tènement d’immeuble … « lieu-dit Le Chater » comprenant la ruine du vieux château consistant en un pan de muraille semi-circulaire assis sur un piédestal de rochers et une parcelle de terrain, close de palissade … ».
1962-01-03 Vente Pascal/Marjollet
Roger Pascal et Madeleine Paré son épouse vend à Marjollet Pierre et Jeanne Boulle son épouse « un tènement d’immeuble … « lieu-dit Le Chater » comprenant la ruine du vieux château consistant en un pan de muraille semi-circulaire assis sur un piedestal de rochers et une parcelle de terrain, close de palissade… ».
2005 : Vente Marjollet/ ville de Francheville.